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Il y a quelques mois, avait lieu à Alger une rencontre entre entreprises et décideurs privés qui avait pour objet l’installation de la PME française en Algérie. Aujourd’hui, nous avons jugé bon de revenir sur la petite et moyenne entreprise, vue sous l’angle algérien car, quelques années auparavant, le ministère algérien de tutelle s‘était penché sur la situation globale de la PME algérienne. Pour lui et les experts qu’il a réunis lors d’un colloque national, la PME en Algérie n’est pas seulement une question de développement local, elle inclut aussi des « enjeux et des perspectives pour un développement durable ».

Tel est le titre des *Actes du Colloque national * (1) qui s’était tenu, en mai 2006, à Alger où quelques 200 chefs d’entreprises, décideurs ministériels et de collectivités locales, experts et chercheurs se sont penchés sur les « conditions d’évolution des petites et moyennes entreprises », en partant de l’adoption par le Gouvernement du Programme complémentaire de soutien à la croissance (2005-2009).

Nous présentons succinctement quelques points de ces Actes qui s’accompagnent, d’ailleurs, d’un CD Rom et consultables au ministère algérien de la Petite et Moyenne Entreprise et de l’Artisanat.

Il nous faut, toutefois, apporter quelques points supplémentaires car, depuis 2006, année de la tenue du Colloque, il y a eu des avancées et, également, la PME – en particulier la Direction Générale de la PME – est maintenant sous la férule d’un important ministère : le ministère de l’Industrie, de la PME et de la Promotion des Investissements. Ce qui dénote une vraie préoccupation des enjeux du développement durable en Algérie et même si la prise de conscience n’est pas encore dans sa phase montante, l’Algérie, tout comme les pays de la rive sud de la Méditerranée doivent s’atteler davantage à cette démarche face à l’internationalisation de la Petite et Moyenne Entreprise.

Le colloque d’Alger devait aboutir à un plan d’actions pour pallier aux insuffisances économiques et sociales, en partant de quelques points fondamentaux :
1° « pleine utilisation des ressources et énergies » dans le respect de la réglementation de la concurrence et de la responsabilité sociale par les entreprises ;
2° répondre « aux besoins économiques et sociaux » prioritaires et diminuer la pauvreté ;
3° protéger l’environnement par « l’utilisation rationnelle des ressources » et la « préservation des milieux naturels » ;
4° une bonne gestion notamment des institutions compétentes devant « conduire les politiques économiques et sociales ».

Quatre ateliers ont été l’élément moteur des réflexions autour des points ci-dessus énumérés : – le développement territorial et l’intégration nationale des PME ; – le renforcement des capacités des PME ; – la protection de l’environnement ; – le financement du développement durable de la PME.

Autour du développement territorial et de l’intégration de la PME, les objectifs fixés pour la période 2009-2012 rappellent le contexte mondial dans lequel la PME se doit d’évoluer. Les communications présentées alors introduisaient parmi les faits qui matérialisent ce contexte international la question de la concurrence/coopération, la délocalisation systématique, la signature d’accords d’association (cf. notre dossier sur ces accords) mais aussi le « renforcement des capacités institutionnelles de soutien des PME » comme les chambres de commerce ou les bourses de sous-traitance et, également, parmi d’autres points tout aussi importants les uns que les autres, le challenge du développement local induisant la nécessité d’un « levier de maîtrise technologique » et la « mobilisation de la main-d’œuvre oisive » (Atelier n° 1).

Le souci est qu’il y a actuellement, en Algérie, des disparités économiques à l’échelle des régions auxquelles il devient urgent d’y remédier et cela, notamment par l’identification des potentiels des régions (wilayas) en matière de ressources naturelles agricoles ou minières, sur le plan des compétences possiblement utilisables et une réelle communication auprès des décideurs et acteurs locaux à propos des enjeux du développement durable.

Or, jusqu’à présent, la PME algérienne s’est surtout caractérisée par une gestion managériale peu axiomatisée, des acteurs possédant de faibles qualifications ou étant peu spécialisés et, surtout, une « faiblesse des données sur le marché local, sur les opportunités d’investissement et de sous-traitance ».

Pour ce faire, les recommandations se situent sur plusieurs niveaux (Atelier n° 2) :
1- le « rôle stratégique de la fonction Ressources humaines qui l’intègre comme variable d’influence de la stratégie de l’entreprise ».
2- le « rôle du gestionnaire des compétences », comme la « définition des performances et des potentiels » (ou par exemple programmes d’échanges avec les partenaires étrangers…).
3- le « rôle d’agent de changement qui passe par la prise en charge de la conduite des projets de changement ».
4- le « rôle d’expert administratif » centré sur l’efficacité de sa gestion (développement de la qualité des prestations par la normalisation).

Car la normalisation a ses exigences : certificat Qualité ISO 9001:2000, sur la mise à niveau des entreprises dans le monde, dans le tableau Africa/West Asia de décembre 2004, l’Algérie n’y figure pas. La certification ISO 14001:2000 dans le monde, toujours dans le tableau Africa/West Asia, l’Algérie figure avec 3 certifications pour la même date.

Pour l’aide à l’utilisation et le soutien financier, deux programmes ont été mis en place : celui de l’aide à la Certification ISO 9001:2000 et ISO 14001:2000 et le Programme d’aide à la Certification (en avril 2003, 79 entreprises avaient entamé le processus de certification dans le cadre du programme d’aide).

Mais ce qui est intéressant et non négligeable, c’est que ce Colloque a sérieusement investi le domaine de la protection de l’environnement (Atelier n° 3); une étape largement réfléchie qui passe par une vision globale de l’entreprise destinée à répondre à l’exigence de trois niveaux : l’économique et l’organisationnel certes, mais aussi l’environnemental comme les matériaux résiduaires de production.

La question finale s’est posée : « que faut-il faire au niveau de l’entreprise » en matière d’actions ?
En quelques mots : – rationaliser « l’utilisation des matières premières, de l’eau et de l’énergie », – diminuer « la quantité et/ou la toxicité des déchets, des eaux usées et des émissions liées à la production », – recycler au maximum pour leur réutilisation les emballages et les composants de base, – améliorer les conditions de travail et de sécurité dans l’entreprise.

C’est au regard de ces impératifs que la démarche ne peut s’avérer efficiente que par des paramètres comme celui de définir les normes de rejets des effluents industriels ou le transfert d’activités industrielles hors l’urbain vers des sites d’activités ou industrialisés. Cela implique aussi un effort synergique puisqu’il s’agit de faire appel à des bailleurs de fonds internationaux ou au FEDEP (Federation Development and Execution Process qui est spécialisée dans la dépollution).(2)

Le dernier atelier (Atelier n° 4) a travaillé sur le financement du développement durable de la PME : procédures d’octroi de crédits aux PME, obtention des crédits d’investissements, rôle des banques qui tendent à ne pas suivre bien souvent le mouvement.

Le programme d’actions fixées à l’issue du Colloque :
1. Formation des responsables locaux à la création et au développement des PME au niveau local (financement Ministère et coopération technique).
2. Engagement d’un programme d’études sur le potentiel de création des PME locales (financement Ministère et coopération technique).
3. Elargissement de la gamme des produits éligibles au remboursement partiel ou total des frais de transport vers le sud (financement : fonctionnement courant du ministère).
4. Favoriser l’accès des PME aux marchés publics (financement : fonctionnement courant du ministère).
5. Développement du système d’organisations professionnelles parmi les PME (financement Ministère et coopération technique).
6. Organisation de la fonction d’innovation des PME par l’expertise universitaire (financement Ministère et coopération technique). Le volet de l’innovation et de l’expertise a été le second volet de l’Atelier n° 3 et concomitant à la question de l’environnement.
7. Promotion de l’expertise nationale des bureaux d’études auprès des PME (financement Ministère et coopération technique).
8. Mise en œuvre d’un programme de mise à niveau spécifique aux Bureaux d’expertise.
9. Généralisation des audits environnementaux pour les unités industrielles (financement : sera déterminé en cours d’étude).
10. Intégration de la dimension environnementale dans les programmes de mise à niveau des PME (financement : fonds de mise à niveau).
11. Mise à niveau des zones industrielles et des zones d’activité (financement : Budget de l’Etat).
12. Constitution d’un fichier propre aux PME au niveau du ministère de la PME (financement courant du ministère et de l’Agence de développement de la PME qui est l’organe d’exécution).
13. Institution d’une enquête de conjoncture sur les PME (financement : fonctionnement courant du ministère et de l’Agence de développement de la PME).
14. Généralisation de l’accès des PME aux programmes de mise à niveau sur financement public (financement : Budget de l’Etat).
15. Renforcement du dispositif d’octroi de garantie au profit des PME (financement : Budget de l’Etat).
16. Création d’une banque spéciale pour les PME (financement : l’investissement pour cette création sera fixé dans l’étude qui sera menée ; le mode de financement des PME par la banque : sera défini aussi par l’étude).

Le coût des actions des points 1, 2, 5, 6 et 7 pour la phase de mise en œuvre a été déterminé (respectivement 10, 10, 20, 10, 30 millions de Dinars) (1) ; pour la phase préparatoire, seul le coût des actions 8, 12, 13 et 16 avait été fixé. Le coût des autres actions, les deux phases confondues, n’avait pas été déterminé au moment de la publication des Actes du colloque.

La conclusion de ce colloque :
Nous nous arrêtons sur celle du Directeur général de la promotion de la PME pour lequel « Le développement durable, n’est-ce pas, pour nous maintenant, une démarche certes bien assise sur les exigences d’ordre écologique mais une démarche également tournée vers tout ce qui doit favoriser l’utilisation rationnelle des ressources de l’entreprise et mobiliser les moyens de son environnement économique et social pour assurer son intégration dans son milieu, sa compétitivité sur ses marchés et sa pérennité dans la création de richesses. »

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(1)*Source* : « Enjeux et perspectives pour un développement durable de la PME algérienne », juillet 2008. Ministère de la PME et de l’Artisanat – Site : www.pmeart-dz.org – Contact : info@pmeart-diz.org
(2)*Lire *: “La PME algérienne et le défi de l’internationalisation”, ouvrage collectif d’André Joyal, Mohamed Sadeq et Olivier Torrès, paru chez L’Harmattan, mars 2010.

Le 2 mars 2003, lors de la venue en Algérie, du Président Jacques Chirac en exercice alors, une déclaration commune relançait la coopération franco-algérienne, particulièrement dans l’accompagnement de la politique de réformes amorcée par l’Algérie en matière économique et institutionnelle notamment.

Un premier accord a été conclu en 2006, portant sur un Mémorandum de partenariat économique et financier et le 4 décembre 2007, à l’occasion de la visite d’Etat du Président Sarkozy à Alger, ce mémorandum a, depuis, été remplacé par le “ Mémorandum de coopération financière”, signé le 21 juin 2008, et ayant pour but de consolider la coopération bilatérale dans les “domaines scientifique, technique, culturel et éducatif et dans celui de la gouvernance”. Un Comité franco-algérien pour le partenariat et le développement est installé le 11 décembre de la même année.

La Convention de Partenariat fixe “le cadre institutionnel de la coopération bilatérale” et un Document Cadre de Partenariat fut établi pour une période de cinq ans (2007-2012) pour définir les “grandes orientations et les objectifs à atteindre, fixés d’un commun accord”. Le Document Cadre de Partenariat est établi pour jouer un “rôle de levier” et de “modernisation” par le fait, en particulier, “d’une plus grande cohérence de l’intervention française, par le biais de l’ensemble des acteurs publics de l’aide française” comme l’Agence française de développement (AFD), les collectivités territoriales ou les ONG et les entreprises.

Les priorités algériennes et les interventions des partenaires :
. Aménagement du territoire par la “construction des grandes infrastructures nécessaires au développement du pays, l’amélioration des communications” mais cet aménagement du territoire se doit de prendre en compte “le déséquilibre entre le nord et le sud” qui apporte une grande distorsion non seulement dans le domaine de la dynamique économique mais, aussi, sur le plan social.
. La “stratégie de désendettement” et “la liquidité du marché intérieur et les réserves de change doivent permettre de financer le plan d’investissement quinquennal sans avoir recours au marché financier international”.
. Le “développement du secteur privé hors hydrocarbures” grâce à des “programmes d’investissement public” aura à répondre au souci de l’Algérie d’inciter “la création de valeurs ajoutées hors hydrocarbures” et, de ce fait, le désengagement de l’Algérie d’une économie basée sur cette forte dépendance à l‘égard de l’industrie pétrolière.
. Une réforme du cadre éducatif et universitaire : celle de l‘éducation nationale commencée en 2002, celle de l’enseignement supérieur comme, par exemple, la réévaluation “qualité” des enseignants et “la valorisation de leur statut”, celle de la formation professionnelle par une “réhabilitation” dans “sa vocation essentielle d’itinéraire éducatif pos-obligatoire qui assure à l’apprenant des qualifications le rendant apte à l’exercice d’un métier.”

Pour ce qui concerne ces questions précises, l’intervention – en “complément des interventions des autres bailleurs de fonds” – se fera par une contribution à l’amélioration de la “qualité du système éducatif et de la formation professionnelle”, le soutien à la recherche pour le développement et la consolidation de “la place de l’enseignement du français” (qui commence dans les classes primaires).

Pour le reste du Document Cadre de Partenariat, les priorités retenues exigent que nous fassions une présentation plus dynamique mais nous renvoyons le lecteur à la lecture du document dont le lien est situé en fin d’article. Toutefois, on retiendra du Document Cadre de Partenariat pour la période 2007-2011 :
1. Une première priorité, celle de l’“appui au renforcement du capital humain” : – soutien français “au système éducatif algérien” et à la “politique de la formation des cadres” par la mise en place de partenariats inter-académiques : projets, formation des acteurs pédagogiques, jumelages entre établissements scolaires ou instituts de formation des académies partenaires. – ensuite et c’est dans la logique du point ci-dessus, “appui à la formation des cadres” comme “la restructuration du système universitaire” (Licence-Master-Doctorat), ou la formation de plus de “28 000 enseignants qualifiés prévue au cours des prochaines années”. – une coopération hospitalo-universitaire s’articulant autour de la formation et le perfectionnement des spécialistes algériens, la réforme hospitalière (déjà engagée) et celle des études médicales. Un accord-cadre devait d’ailleurs préciser les modalités de mise en oeuvre de ces projets. – l’appui à l’enseignement du français via le renforcement qualitatif et quantitatif du corps enseignant algérien en langue française, la mise en place de bibliothèques et de “bouquets télévisuels”. – l’appui au développement des relations culturelles : mise ne valeur du patrimoine culturel, créations artistiques avec la mise en place de coproductions algéro-françaises.

2. La seconde priorité est celle du développement économique durable et du secteur productif – qui nous semble beaucoup plus urgente en raison du voeu algérien de se libérer d’une dépendance à l‘égard les hydrocarbures : – rapprochement économique franco-algérien : “actions de promotion des perspectives de marché depuis la France” et investissements français. – développement du secteur productif : l’Algérie est entrée dans “un processus d’ouverture économique par la mise en place d’une économie de marché”. C’est là que la coopération française aura à intervenir en matière de soutien à ce secteur. L’Agence française de développement (AFD) sera un acteur incontournable dans cette coopération car elle mettra en place des “lignes de crédit concessionnel” en faveur du Crédit Populaire Algérien. – développement de filières industrielles et appui “aux efforts des PME pour développer leurs exportations (accès à l’information, formation, promotion). Dans cette perspective, d’ailleurs, nous présenterons prochainement une synthèse d’actes d’un colloque fait par le ministère algérien de la PME et de l’Artisanat sur le développement de la PME et la stratégie du développement durable.

Euro-Algeria se réserve de revenir un peu plus tard sur plusieurs points de détails du “Mémorandum de coopération financière” de décembre 2006.
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(1) Article repris sur International Newnet n° 27/Avril 2010.
(2) Voir: http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/article_imprim.php3?id_article=64727