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C’est à partir de juillet 1969 qu’un accord essentiellement commercial est signé entre l’Algérie et la Communauté européenne (qui ne comprenait alors que six Etats membres), liant ainsi les deux parties pour une durée de cinq ans. Jusqu’alors, la France était pratiquement le partenaire privilégié en matière d’aide ou d’autres formes de coopération.

En agriculture, la CEE d’alors imposait « des restrictions substantives dans le but d’empêcher les biens compétitifs d’entrer sur le marché et des tarifs préférentiels ont été attribués concernant certains produits agricoles comme les agrumes, soit une exonération de 80%, ou une exonération de 30% pour l’huile d’olive. Dans le premier cas, l’accord pouvait se faire encore, l’Espagne, très fortement implantée sur le marché des agrumes, n’étant pas encore membre de la CEE.) ; dans le second cas, l’Italie n’était pas en mesure de répondre à la demande en huile d’olive des pays membres de la CEE.

L’accord ne s’appliquait réciproquement que pour les biens importés de la CEE, sans concurrencer la production locale. Du moins, c’est ce qui semble…

De cette « coopération », on retient :
 1976, nouveaux accords conclus dans le cadre de la Politique méditerranéenne globale (—programme incluant les trois pays du Maghreb) qui entrent en vigueur en 1978. Cette politique introduisait dans le chapitre de la coopération, l’aide économique et financière régie par des protocoles financiers bilatéraux. Cette aide doit servir au développement, à la modernisation et à la diversification des industries agricoles et industrielles mais avec, toutefois, des restrictions : – taux zéro appliqué aux produits industriels des huit pays méditerranéens avec lesquels la CEE coopérait, n’était plus appliqué aux textiles et aux produits pétroliers raffinés. – établissement d’un « calendrier tarifaire » qui limite l’accès à un taux préférentiel des produits agricoles au marché européen aux saisons (durant lesquelles la production européenne n’est pas en mesure de répondre à la demande

Note de la Rédaction : aujourd’hui, les agrumes et autres produits agricoles qui proviennent du Maghreb et que l’on trouve sur les marchés et les magasins de la grande distribution sont exclusivement ceux du Maroc, fortement concurrencés par ceux de l’Espagne. L’huile d’olive est largement représentée par l’Italie. Quant aux textiles, on note une provenance de la Turquie essentiellement, quand ce n’est pas de l’Inde via des pays intermédiaires.

 De 1981 à 1986, accords de coopération et protocoles financiers renouvelés pour une période de cinq ans, avec une augmentation des parts de subsides et de prêts du protocole consigné dans la politique méditerranéenne globale : les prêts de la CEE sont plus avantageux que ceux de la Banque européenne d’investissement.

 En 1991, la Politique méditerranéenne globale est remplacée par la Politique méditerranéenne rénovée et des protocoles financiers sont négociés pour la période 1992-1996.
La mise en place de la coopération financière entre l’Union européenne et l’Algérie connaît un grand retard en raison de la situation intérieure du pays. Retard qui est suivi de la fermeture technique de la Délégation de la Commission à Alger entre juillet 1994 et novembre 1998.

 Décembre 2001, les négociations entamées pour un accord d’association entre l’Union européenne et l’Algérie aboutissent et celui-ci est signé lors de la 5e Conférence euro-méditerranéenne des ministres des Affaires Etrangères, en avril 2002. Cependant l’accord d’association n’entrera en vigueur qu’en 2005 (voir article sur les accords d’association).

Entre 1978 et 1996, l’Algérie a reçu 949 millions d’euros par le biais de quatre protocoles financiers, dont 309 millions d’euros en provenance de la Commission européenne et 649 millions en provenance de la Banque européenne d’investissement. Montant qui n’a pas été totalement utilisé puisqu’en septembre 2000, seuls 66% des fonds ont été utilisés.

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, 77% des exportations algériennes (pétrole et gaz surtout) vont en direction des pays européens, contre 55% des importations globales en provenance de la même zone commerciale.

Sources :
http://www.medea.be/index.html?page=0&lang=fr&doc=302
http://www.medea.be/index.html?page=0&lang=fr&doc=279
http://www.medea.be/

Il y a quelques mois, avait lieu à Alger une rencontre entre entreprises et décideurs privés qui avait pour objet l’installation de la PME française en Algérie. Aujourd’hui, nous avons jugé bon de revenir sur la petite et moyenne entreprise, vue sous l’angle algérien car, quelques années auparavant, le ministère algérien de tutelle s‘était penché sur la situation globale de la PME algérienne. Pour lui et les experts qu’il a réunis lors d’un colloque national, la PME en Algérie n’est pas seulement une question de développement local, elle inclut aussi des « enjeux et des perspectives pour un développement durable ».

Tel est le titre des *Actes du Colloque national * (1) qui s’était tenu, en mai 2006, à Alger où quelques 200 chefs d’entreprises, décideurs ministériels et de collectivités locales, experts et chercheurs se sont penchés sur les « conditions d’évolution des petites et moyennes entreprises », en partant de l’adoption par le Gouvernement du Programme complémentaire de soutien à la croissance (2005-2009).

Nous présentons succinctement quelques points de ces Actes qui s’accompagnent, d’ailleurs, d’un CD Rom et consultables au ministère algérien de la Petite et Moyenne Entreprise et de l’Artisanat.

Il nous faut, toutefois, apporter quelques points supplémentaires car, depuis 2006, année de la tenue du Colloque, il y a eu des avancées et, également, la PME – en particulier la Direction Générale de la PME – est maintenant sous la férule d’un important ministère : le ministère de l’Industrie, de la PME et de la Promotion des Investissements. Ce qui dénote une vraie préoccupation des enjeux du développement durable en Algérie et même si la prise de conscience n’est pas encore dans sa phase montante, l’Algérie, tout comme les pays de la rive sud de la Méditerranée doivent s’atteler davantage à cette démarche face à l’internationalisation de la Petite et Moyenne Entreprise.

Le colloque d’Alger devait aboutir à un plan d’actions pour pallier aux insuffisances économiques et sociales, en partant de quelques points fondamentaux :
1° « pleine utilisation des ressources et énergies » dans le respect de la réglementation de la concurrence et de la responsabilité sociale par les entreprises ;
2° répondre « aux besoins économiques et sociaux » prioritaires et diminuer la pauvreté ;
3° protéger l’environnement par « l’utilisation rationnelle des ressources » et la « préservation des milieux naturels » ;
4° une bonne gestion notamment des institutions compétentes devant « conduire les politiques économiques et sociales ».

Quatre ateliers ont été l’élément moteur des réflexions autour des points ci-dessus énumérés : – le développement territorial et l’intégration nationale des PME ; – le renforcement des capacités des PME ; – la protection de l’environnement ; – le financement du développement durable de la PME.

Autour du développement territorial et de l’intégration de la PME, les objectifs fixés pour la période 2009-2012 rappellent le contexte mondial dans lequel la PME se doit d’évoluer. Les communications présentées alors introduisaient parmi les faits qui matérialisent ce contexte international la question de la concurrence/coopération, la délocalisation systématique, la signature d’accords d’association (cf. notre dossier sur ces accords) mais aussi le « renforcement des capacités institutionnelles de soutien des PME » comme les chambres de commerce ou les bourses de sous-traitance et, également, parmi d’autres points tout aussi importants les uns que les autres, le challenge du développement local induisant la nécessité d’un « levier de maîtrise technologique » et la « mobilisation de la main-d’œuvre oisive » (Atelier n° 1).

Le souci est qu’il y a actuellement, en Algérie, des disparités économiques à l’échelle des régions auxquelles il devient urgent d’y remédier et cela, notamment par l’identification des potentiels des régions (wilayas) en matière de ressources naturelles agricoles ou minières, sur le plan des compétences possiblement utilisables et une réelle communication auprès des décideurs et acteurs locaux à propos des enjeux du développement durable.

Or, jusqu’à présent, la PME algérienne s’est surtout caractérisée par une gestion managériale peu axiomatisée, des acteurs possédant de faibles qualifications ou étant peu spécialisés et, surtout, une « faiblesse des données sur le marché local, sur les opportunités d’investissement et de sous-traitance ».

Pour ce faire, les recommandations se situent sur plusieurs niveaux (Atelier n° 2) :
1- le « rôle stratégique de la fonction Ressources humaines qui l’intègre comme variable d’influence de la stratégie de l’entreprise ».
2- le « rôle du gestionnaire des compétences », comme la « définition des performances et des potentiels » (ou par exemple programmes d’échanges avec les partenaires étrangers…).
3- le « rôle d’agent de changement qui passe par la prise en charge de la conduite des projets de changement ».
4- le « rôle d’expert administratif » centré sur l’efficacité de sa gestion (développement de la qualité des prestations par la normalisation).

Car la normalisation a ses exigences : certificat Qualité ISO 9001:2000, sur la mise à niveau des entreprises dans le monde, dans le tableau Africa/West Asia de décembre 2004, l’Algérie n’y figure pas. La certification ISO 14001:2000 dans le monde, toujours dans le tableau Africa/West Asia, l’Algérie figure avec 3 certifications pour la même date.

Pour l’aide à l’utilisation et le soutien financier, deux programmes ont été mis en place : celui de l’aide à la Certification ISO 9001:2000 et ISO 14001:2000 et le Programme d’aide à la Certification (en avril 2003, 79 entreprises avaient entamé le processus de certification dans le cadre du programme d’aide).

Mais ce qui est intéressant et non négligeable, c’est que ce Colloque a sérieusement investi le domaine de la protection de l’environnement (Atelier n° 3); une étape largement réfléchie qui passe par une vision globale de l’entreprise destinée à répondre à l’exigence de trois niveaux : l’économique et l’organisationnel certes, mais aussi l’environnemental comme les matériaux résiduaires de production.

La question finale s’est posée : « que faut-il faire au niveau de l’entreprise » en matière d’actions ?
En quelques mots : – rationaliser « l’utilisation des matières premières, de l’eau et de l’énergie », – diminuer « la quantité et/ou la toxicité des déchets, des eaux usées et des émissions liées à la production », – recycler au maximum pour leur réutilisation les emballages et les composants de base, – améliorer les conditions de travail et de sécurité dans l’entreprise.

C’est au regard de ces impératifs que la démarche ne peut s’avérer efficiente que par des paramètres comme celui de définir les normes de rejets des effluents industriels ou le transfert d’activités industrielles hors l’urbain vers des sites d’activités ou industrialisés. Cela implique aussi un effort synergique puisqu’il s’agit de faire appel à des bailleurs de fonds internationaux ou au FEDEP (Federation Development and Execution Process qui est spécialisée dans la dépollution).(2)

Le dernier atelier (Atelier n° 4) a travaillé sur le financement du développement durable de la PME : procédures d’octroi de crédits aux PME, obtention des crédits d’investissements, rôle des banques qui tendent à ne pas suivre bien souvent le mouvement.

Le programme d’actions fixées à l’issue du Colloque :
1. Formation des responsables locaux à la création et au développement des PME au niveau local (financement Ministère et coopération technique).
2. Engagement d’un programme d’études sur le potentiel de création des PME locales (financement Ministère et coopération technique).
3. Elargissement de la gamme des produits éligibles au remboursement partiel ou total des frais de transport vers le sud (financement : fonctionnement courant du ministère).
4. Favoriser l’accès des PME aux marchés publics (financement : fonctionnement courant du ministère).
5. Développement du système d’organisations professionnelles parmi les PME (financement Ministère et coopération technique).
6. Organisation de la fonction d’innovation des PME par l’expertise universitaire (financement Ministère et coopération technique). Le volet de l’innovation et de l’expertise a été le second volet de l’Atelier n° 3 et concomitant à la question de l’environnement.
7. Promotion de l’expertise nationale des bureaux d’études auprès des PME (financement Ministère et coopération technique).
8. Mise en œuvre d’un programme de mise à niveau spécifique aux Bureaux d’expertise.
9. Généralisation des audits environnementaux pour les unités industrielles (financement : sera déterminé en cours d’étude).
10. Intégration de la dimension environnementale dans les programmes de mise à niveau des PME (financement : fonds de mise à niveau).
11. Mise à niveau des zones industrielles et des zones d’activité (financement : Budget de l’Etat).
12. Constitution d’un fichier propre aux PME au niveau du ministère de la PME (financement courant du ministère et de l’Agence de développement de la PME qui est l’organe d’exécution).
13. Institution d’une enquête de conjoncture sur les PME (financement : fonctionnement courant du ministère et de l’Agence de développement de la PME).
14. Généralisation de l’accès des PME aux programmes de mise à niveau sur financement public (financement : Budget de l’Etat).
15. Renforcement du dispositif d’octroi de garantie au profit des PME (financement : Budget de l’Etat).
16. Création d’une banque spéciale pour les PME (financement : l’investissement pour cette création sera fixé dans l’étude qui sera menée ; le mode de financement des PME par la banque : sera défini aussi par l’étude).

Le coût des actions des points 1, 2, 5, 6 et 7 pour la phase de mise en œuvre a été déterminé (respectivement 10, 10, 20, 10, 30 millions de Dinars) (1) ; pour la phase préparatoire, seul le coût des actions 8, 12, 13 et 16 avait été fixé. Le coût des autres actions, les deux phases confondues, n’avait pas été déterminé au moment de la publication des Actes du colloque.

La conclusion de ce colloque :
Nous nous arrêtons sur celle du Directeur général de la promotion de la PME pour lequel « Le développement durable, n’est-ce pas, pour nous maintenant, une démarche certes bien assise sur les exigences d’ordre écologique mais une démarche également tournée vers tout ce qui doit favoriser l’utilisation rationnelle des ressources de l’entreprise et mobiliser les moyens de son environnement économique et social pour assurer son intégration dans son milieu, sa compétitivité sur ses marchés et sa pérennité dans la création de richesses. »

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(1)*Source* : « Enjeux et perspectives pour un développement durable de la PME algérienne », juillet 2008. Ministère de la PME et de l’Artisanat – Site : www.pmeart-dz.org – Contact : info@pmeart-diz.org
(2)*Lire *: “La PME algérienne et le défi de l’internationalisation”, ouvrage collectif d’André Joyal, Mohamed Sadeq et Olivier Torrès, paru chez L’Harmattan, mars 2010.