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Il y a moins d’un an, l’Union européenne revoyait sa politique européenne de voisinage (PEV) et en avril dernier, la Commission européenne faisait le bilan de la progression dans la concrétisation des politiques des pays partenaires et, notamment, ceux de la Méditerranée. En juin 2005, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, remettait une feuille de route relative au « plan d’action de mise en oeuvre de l’accord d’association » à Mme Benita Ferrero-Waldner, membre de la Commission responsable des relations extérieures et de la politique européenne de voisinage.

Depuis 2006, des protocoles d’accord ont été passés sur la coopération avec les pays producteurs d’énergie, dont l’Algérie. Mais, curieusement, à l’instar de la question de l’Union pour la Méditerranée, l’Algérie semble de loin la plus frileuse aussi pour ce qui concerne la politique européenne de voisinage. Or, celle-ci s’est assez avancée dans un programme bien concret, celui de la mise en place de plusieurs oléoducs, gazoducs et interconnexions chez les pays producteurs d‘énergie, destinés à renforcer la sécurité énergétique de ces mêmes pays.

Le sentiment est que, chez certains observateurs, la politique européenne de voisinage a tout de même ébréché le projet d’Union pour la Méditerranée même si l’Union européenne s’est finalement ralliée au Chef de l’Etat français. Mais pour l’Algérie, et dans tous les cas, l’une comme l’autre sont matière à de nombreuses interrogations. Concrètement d’abord, l’Algérie a rejeté la PEV, d’autant qu’elle n’a pas la part belle dans les crédits prévus pour la période 2007-2012 (1,65 milliard d’euros a été engagé en 2007)… ce qui devrait donner à réfléchir sur les lignes directrices de cette PEV et parmi lesquelles on a notamment cette condition expresse : que les pays concernés aient fait montre d’une avancée avérée dans le domaine économique, dans la coopération politique et dans les échanges commerciaux.

Par ailleurs, pour ce qui est de l’Accord d’association passé entre l’Algérie et l’Union européenne et en vigueur depuis septembre 2005, l’Algérie est en position de faiblesse : les importations en provenance de l’Union européenne ont atteint plus de 12 milliards de dollars contre des exportations algériennes vers l’Europe qui plafonnent à seulement 800 millions de dollars.

C’est dans ce contexte que se pose la question problématique de la zone de libre-échange qui, nous le rappelons, ne peut s’établir que dans le cadrage de l’Organisation mondiale du commerce à laquelle, d’ailleurs, l’Algérie semble finalement décidée à appartenir.

Dans un cas comme dans l’autre, l’Algérie pourrait être en possession d’atouts qui lui permettent de “négocier” une politique de développement à long terme selon sa propre conception du partenariat avec l’Europe et cela, particulièrement, dans le contexte de la crise énergétique. Mais a-t-elle les moyens de rassurer sur un point qui tient à coeur l’Union européenne : la sécurité dans le Bassin méditerranéen ? Saura-t-elle surmonter sa répugnance à s’asseoir à la même table qu’Israël quand l’Autorité palestinienne et la Syrie ont fait le pas bon gré mal gré, même si ce n’est pas sur le terrain du partenariat euro-méditerranéen ? Saura-t-elle concilier avec sa place au sein du Maghreb arabe uni (tout comme d’ailleurs les autres pays du Maghreb), de la Ligue arabe et de l’Organisation de l’Union africaine ? Car, alors, ces trois entités, déjà peu stables et peu “unitaires”, verraient leurs assises autrement plus affaiblies par une Union pour la Méditerranée qui donnerait une position un peu plus forte aux pays du Sud de la Méditerranée. Un déséquilibre dans une zone de déséquilibre en quelque sorte…

Les décisions que prendra l’Algérie, dans la perspective du Sommet de Paris, le 13 juillet prochain, ne seront pas sans conséquences.